Mouvements

Puisqu’ils nous jettent à terre,
Puisqu’ils pensent se débarrasser de nous, en nous jetant aux oubliettes
en jetant le discrédit sur nos mouvements, nos rêves et nos aspirations
Puisque nos cris et nos larmes sont comme des bouteilles jetées à la mer,
Puisque nous jetons toutes nos force dans la bataille,
Et qu’ils nous répondent en jetant de l’huile sur le feu,
Puisqu’ils pensent que c’est en jetant la pierre aux enragés, aux énervés qu’ils nous feront jeter l’éponge,
Puisque nos mots, nos phrases, nos idées peuvent peut-être jeter un froid ou vous faire tenir cois dans votre monde bien ordonnancé,
Et puisqu’il n’est pas possible que vous nous jetiez tous à la rue, en prison ou par-dessus bord,
Nous vous disons alors

Prenez garde à vous !

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Extrait #3

Avant de désobéir, peut-être devrions-nous d’abord apprendre à ne plus obéir, à ne plus soutenir le système qui nous tyrannise. C’est ce que Étienne de la Boétie nous invitait à faire dans son Discours de la servitude volontaire, dès 1576. Frédéric Gros l’explique très bien dans son livre Désobéir (Albin Michel, 2017): « C’est précisément pour La Boétie ce qui fait tenir le pouvoir politique. Je ne vous vois pas, écrit-il, « seulement obéir, mais servir ». Servir, c’est plus qu’obéir : donner des gages, devancer les désirs, obéir le mieux possible, faire de son obéissance l’expression d’une gratitude, justifier les ordres qu’on nous donne ; ce qu’on pourrait appeler la « surobéissance ». » De cette surobéissance, le pouvoir se délecte.
Il existe parfois des contraintes trop puissantes pour que l’on puisse réellement désobéir sans risquer gros. Le système l’a bien compris qui nous enchaîne à des crédits qui nous empêchent de faire grève, nous terrorise par l’afflux d’informations toujours plus anxiogènes ou, encore, nous asphyxie de gaz et nous tire dessus à coups de Flash-Ball à chaque manifestation. Frédéric Gros évoque alors la résistance civile : « Des stratégies de non-coopération sont à la disposition des populations civiles, sans que leurs actes apparaissent jamais des actes de révolte ouverte, de rébellion franche. »

Isabelle AttardComment je suis devenue anarchiste (p 142-143) – Editions Seuil-Reporterre

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Extrait #2

Vivian est à la veille de plonger dans la grande nuit. Elle va bientôt quitter la rive des vivants et traverser le fleuve pour rejoindre les terres d’éternité. Je veux imaginer qu’ils se tiennent là, sous ses paupières, tous ces visages qu’elle a aimés, toutes ces vies friables, démunies, devinées l’espace d’un regard. Oui, ils sont là, et bien là, les bancals, les bancroches, les abîmés, les esquintés, les fourbus, les rompus, les meurtris, les accablés, les épuisés, les vaincus, les abandonnés, les transpercés, les effondrés, les désolés, les pas de chance, les cloués au sol, les perdus en route, les inconsolés, et ils lui ouvrent le chemin vers une aube sans retour, vers un ultime voyage, peut-être, vers la vallée verte des jours heureux. Ils lui font escorte, eux qui furent toute sa famille et tout son foyer, en une ronde joyeuse, légère, enfin délivrée.

Une photo floue, prise par un inconnu, la montre de dos, dans la rue, un an avant sa mort. C’est une haute silhouette voûtée, cassée, une démarche qu’on devine malaisée. Long manteau enfilé sur une jupe de travers, chapeau. Vivian Maier ressemble, de façon troublante, à tous les laissés-pour-compte qu’elle a photographiés, l’espace d’une vie, à ces parcelles de monde recueillies avant leur évanouissement. Mais il n’y a plus assez de lumière. Le regard renonce, le diaphragme de l’appareil se referme doucement, la main retombe. L’artiste a rejoint ses modèles. Tout est accompli.

Gaëlle JosseUne femme en contre-jour (p 143-144) – Editions Notabilia

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Souvenir musical #2

Un groupe ukrainien vu en concert à La Roche sur Yon

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Mes lectures et découvertes d’objets livresques #1

couverture du livre Police, paysages et résistances d'Yves Monteil, où figurent des policiers pris dans un nuage de gaz lacrymogènes
Police, paysages et résistances Yves Monteil

Le livre s’intitule « Police, paysages et résistances » de Yves Monteil. Il s’agit d’un livre de photographies accompagné de courts textes en illustration des photos.
Ce livre est arrivé chez moi en raison des violences policières recensées par David Dufresne. Est apparu un jour dans ma twittliste un projet d’édition de livre via une plateforme de crowdfunding (qui à l’origine devait s’intituler « Police et Paysages »). Le titre a tout de suite évoqué une image vue sur internet (était-ce via Reporterre ?) d’un gendarme mobile assis seul au milieu des champs de Notre-Dame-des-Landes pendant les opérations d’expulsion de 2018. Comme c’est l’un des thèmes de ce livre, ça tombait plutôt bien!

Il s’agit, par ce livre de photographies, de montrer la militarisation de nos espaces, de la police et du maintien de l’ordre, de mettre en perspective – par les images de la répression, de la contrainte, des blessures et des mutilations – des corps en lutte ou de passage (sans protection ou si peu) face à des personnes arnachées comme des robots ou transformées en milices dignes des Tontons Macoutes.

La couverture du livre est en couleurs, puis le livre s’ouvre sur des textes d’avant propos de Mathieu Rigouste, Claire Leleu et Yves Monteil. La première partie du livre est composée de photographies en noir et blanc et commence par celle d’une personne de la ZAD assise seule sur un fauteuil pliant face aux blindés de la gendarmerie mobile en 2018. Cette première partie alterne, principalement, photographies de Notre Dame des Landes et manifestations contre la loi Travail en 2016 à Nantes.
Les photographies en couleur arrivent à peu près à la moitié du livre, qui s’ouvre sur une photographie du quartier du Breil à Nantes en flammes avec les gendarmes en premier plan, suite à la mort d’Aboubakar dans le cadre d’un contrôle routier.
Cette partie en couleurs se termine par des gendarmes mobiles en train de marcher seuls dans les champs au milieu de la ZAD.
La dernière partie du livre reprend avec des photographies en noir et blanc et montrent les violences, les mutilations, les destructions et se termine par une photo d’un clown sur patins à roulettes les bras levés comme un signe de victoire.
Chaque photographie dit tellement de choses de notre société, du basculement devenu très perceptible depuis quelques mois, mais qui existe depuis longtemps.
Cela reste compliqué d’expliquer par les mots les émotions que provoquent ces photographies, qui touchent juste et mettent le doigt sur les dérives de notre société.

Vous l’aurez compris, c’est un très beau livre que je vous recommande.

Pour ma part, j’avais pris l’option d’un livre en coffret et d’un second exemplaire simple. Ce deuxième exemplaire va rejoindre la bibliothèque de mon village, qui fait partie d’un réseau de bibliothèques/médiathèques. J’espère qu’il touchera d’autres personnes.

Sinon, vous pouvez aussi demander à vos bibliothèques de l’acquérir ou l’achetez vous-même si vous en avez la possibilité (si vous voulez, c’est par là: commande ou en contactant l’éditeur Ateliers Boh’m)

Police, paysages et résistances – Yves Monteil – Edition Les Ateliers Boh’m (111 p.)

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